Savons solides : attention aussi à leur composition !

Les produits d’hygiène et cosmétiques solides suscitent de plus en plus l’intérêt des consommateurs. Dans un contexte où les préoccupations sanitaires et environnementales sont croissantes, ceux-ci auraient aujourd’hui tendance à les privilégier dans leurs habitudes de soin ou de beauté. Pour autant, toutes les recettes ne se valent pas.

Selon le cabinet d’expertise Auris Finance, les ventes de produits d’hygiène et cosmétiques solides poursuivraient leur orientation à la hausse en 2025, se basant sur un chiffre d’affaires à 131 millions d’euros en 2023, contre 85 millions d’euros en 2021.

Le pain de savon en particulier semble présenter de nombreux avantages sur son concurrent, le gel douche. Quand ce dernier afficherait une part d’eau non négligeable dans un conditionnement plastique, sa version solide ne contiendrait que des substances actives et beaucoup moins d’emballage. Mais ces arguments sont-ils suffisants pour se tourner vers le solide, les yeux fermés ?

Végétal et naturel mais pas toujours gage de qualité

Comme pour les formats liquides, l’important est de choisir un produit respectueux de la peau. Il est donc primordial de regarder la composition d’un savon solide avant de l’acheter.

Si de nombreux gels douche peuvent contenir des agents chimiques agressifs – comme le méthylisothiazolinone, un allergène, ou l’ammonium lauryl sulfate, un perturbateur endocrinien, ou encore des additifs texturants – les savons solides peuvent eux aussi contenir des ingrédients controversés. Et pour cause : afin de satisfaire la demande, le savon solide connaît d’infinies déclinaisons, impliquant souvent une composition de base de qualité moindre et des additifs présentant des risques sanitaires ou environnementaux.

Les huiles issues du palmier, ingrédients naturels décriés pour leur impact sur la biodiversité, sont notamment présentes dans la plupart de ces pains de savon. L’huile de palme est extraite de la pulpe de fruit du palmier à huile ; de couleur rouge, elle sert principalement dans l’industrie alimentaire (pâtes à tartiner, margarines, etc.). L’huile de palmiste, obtenue par extraction à partir du noyau du même fruit, est de couleur blanche. Elle est très prisée des savonneries.

Majoritairement produites en Indonésie et en Malaisie, huile de palme et huile de palmiste sont utilisées pour fabriquer en grande quantité du savon saponifié à chaud : traitées pour être inodores et incolores, elles vont permettre de créer une base neutre pour du savon à la fois dur, moussant et nettoyant, à très bas coût.

Cette base sera commercialisée sous forme de bondillons (copeaux ou nouilles de pâte de savon) auprès des savonneries du monde entier, qui vont y incorporer parfums et colorants. De fait, de nombreuses formules contiennent ces huiles végétales, identifiables dans la liste des ingrédients sous les noms sodium palmate (huile de palme saponifiée) et sodium palm kernelate (huile de palmiste saponifiée).

Le mode de fabrication des savons, déterminant pour la peau

La saponification désigne le procédé chimique de production du savon. Lors de la saponification « à chaud », matières grasses et soude sont mélangées et chauffées pour obtenir une pâte qui sera cuite longuement puis rincée à grandes eaux. Résultat : un produit final détergeant, peu respectueux de l’épiderme, ses propriétés hydratantes ayant disparu lors de la cuisson… Le savon « artisanal » largement représenté sur les étals des marchés d’été et le savon industriel vendu en grande distribution sont issus de ce mode de fabrication.

Au cours de la saponification à froid, matières grasses et soude sont rapidement mélangées sans cuisson, puis le produit est séché pendant un mois environ. Une méthode de production traditionnelle qui utilise moins d’énergie et, en évitant de surchauffer la matière, préserve les bienfaits des ingrédients naturels. Le savon ainsi obtenu garantit une bonne hydratation et respecte la barrière protectrice naturelle de la peau. Saponifié à froid, le savon solide semble donc une meilleure option pour notre santé comme pour l’environnement.

Un savon plus durable ?

La réglementation applicable au savon, comme à tous les produits d’hygiène et de cosmétique, est définie par le règlement (CE) n°1223/2009 du Parlement européen et du Conseil du 30 novembre 2009 relatif aux produits cosmétiques. En France, elle est accessible dans le code de la santé publique et consultable sur le site de Légifrance (articles L. 5131-1 à 8 ; R. 5131-1 et suivants).

N’étant pas concernés par la date limite de consommation (DLC), plutôt réservée aux denrées alimentaires, les savons présentent une date de durabilité minimale (DDM). Jusqu’à cette date, indiquée sur l’emballage précédée de la mention « À utiliser de préférence avant » ou du logo sablier, le produit tiendra ses promesses et continuera à remplir sa fonction. Cette durabilité minimale est en général de 18 mois pour les savons solides saponifiés à froid cependant, conservé dans de bonnes conditions, celui-ci peut se garder plus longtemps… Une bonne nouvelle pour notre porte-monnaie !

Des savonneries artisanales exigeantes près de chez nous

Depuis quelques années, des savonneries particulièrement attentives aux qualités de leurs productions ont essaimé à travers nos territoires. Un artisanat pointu, à échelle humaine, rendu possible par la maîtrise de la saponification à froid, puisque la méthode nécessite moins d’équipements que de temps et de savoir-faire. Fabriqués avec passion, à base d’ingrédients de qualité, aux senteurs subtiles et riches de bienfaits naturels : les produits proposés par ces savonneries artisanales prouvent toute la richesse de notre économie locale, à la fois innovante et au plus près de nos besoins. Une offre à retrouver notamment dans l’annuaire en ligne ZIGetZAG.Info – Pour des achats responsables en Alsace, naturellement !