Coopératives alimentaires : pour quoi faire ?
Coopératives alimentaires : pour quoi faire ?
Une coopérative est un groupement de personnes (commerçants, producteurs mais aussi consommateurs) choisissant de mettre leurs moyens en commun afin de satisfaire leurs besoins de manière transparente et équitable. Dans le cas d’une coopérative de consommation par exemple, le regroupement permet d’acheter en grande quantité pour faire baisser le coût d’achat par personne. En outre, le fonctionnement de la coopérative est toujours basé sur le principe selon lequel chaque membre a une voix égale dans les décisions importantes, quelle que soit sa participation financière. Zoom sur une autre façon de consommer.
Une économie plus responsable ?
Tout comme les mutuelles sans but lucratif, associations ou fondations, les coopératives cherchent à concilier activité économique et utilité sociale et s’inscrivent de fait dans l’économie sociale et solidaire (ESS). La loi relative à la reconnaissance et au développement de l’économie sociale et solidaire adoptée à l’été 2014 reconnaît ces formes d’entreprises comme étant génératrices de richesses économiques et porteuses de réponses aux besoins sociaux et environnementaux. À ce titre, leur mode de gestion est à la fois démocratique et participatif en termes d’encadrement de l’utilisation des bénéfices, de réinvestissement des résultats dans le développement et la pérennité, de limitation des écarts de salaires… Le fait que les coopératives soient axées sur la satisfaction des besoins des membres, plutôt que sur la maximisation des profits peut contribuer à leur stabilité économique et à leur capacité de résilience. La force d’entreprendre à plusieurs permet d’atteindre une taille critique suffisante, et de partager les investissements, ouvrant ainsi la porte à des projets peu accessibles à des entreprises individuelles classiques.
Forces et faiblesses de la coopérative
Le modèle coopératif augmente les compétences disponibles au profit du projet ; il favorise un échange de savoirs, des remises en question et la possibilité d’élargir les champs d’action. Entreprendre à plusieurs permet également plus de flexibilité : un changement de vie ou le départ d’un des coopérateurs ne met pas le projet en péril car il peut être remplacé.
Si les membres des coopératives participent activement aux processus décisionnels, ils ont également accès à des ressources qu’ils pourraient ne pas être en mesure d’obtenir individuellement. Cela inclut généralement des prix avantageux, des opportunités de formation et de développement, ainsi que des services mutualisés. Mais la plus grande force de la coopérative réside dans l’entraide et la solidarité.
Certaines coopératives visent à développer une vie locale plus participative et crée de la mixité sociale. Les membres partagent des valeurs communes et travaillent ensemble pour atteindre des objectifs partagés, renforçant ainsi les liens sociaux. Faire partie d’une coopérative est une expérience collaborative où les avantages ne se mesurent pas uniquement en termes de profits, mais aussi de développement personnel, d’appartenance à une communauté et de contribution à une économie respectueuse de l’humain. En rejoignant une coopérative, on s’engage dans un modèle économique qui prône l’inclusion, l’équité et la durabilité, créant ainsi un avenir économique au service de l’intérêt général.
En parallèle, ces valeurs favorisent la qualité de travail des acteurs économiques. Dans le secteur de l’alimentaire, notamment, les chaînes de supermarchés, dont les services achats sont souvent regroupés en centrale et, de par leur poids et l’importance de leurs commandes, exercent une pression considérable sur les producteurs qui n’ont aucune maîtrise des prix de retour, ni des marges… La coopérative peut être vue comme un modèle économique alternatif à l’entreprise capitaliste car elle permet, en particulier dans la consommation, de rééquilibrer les relations producteurs-consommateurs.
A savoir toutefois qu’un particulier pourra difficilement réaliser ses courses au sein d’une coopérative en quelques clics ou en coup de vent, comme il lui est possible de faire dans un supermarché classique ou via une application internet. Son implication dans le fonctionnement de la coopérative nécessite qu’il y accorde du temps.
Des exemples en Alsace
Parce que c’est un modèle qui fonctionne et qui semble répondre aux attentes de nombreuses personnes, la coopérative alimentaire essaime un peu partout en France, notamment en Alsace !
À Colmar, des coopératives remettent « l’humain au cœur des échanges » au-delà de l’acte marchand, telles que Sonneblüem, ou encore Les Oies Sauvages qui proposent à ses coopérateurs de se réapproprier leur acte d’achat – avec des produits accessibles, locaux et de qualité – tout en créant du lien. En effet, des ateliers sont programmés tout au long de l’année, afin de favoriser la rencontre et la mixité sociale dans un cadre convivial.
À Strasbourg, Coopalim compte aujourd’hui plus de 350 membres coopérateurs qui donnent de leur temps afin d’en permettre le fonctionnement. Ils gèrent ensemble le magasin et ont accès à plus de 1600 références, une offre très large et variée – fruits et légumes, pains, épicerie, hygiène et droguerie, viandes et poissons, produits laitiers, etc. – adaptée à toutes les cuisines (du bio, de l’équitable, du local et parfois du « pas bio du tout »). Chaque membre coopérateur donne 3h par mois pour participer à des missions diverses, de la mise en rayon au ménage, en passant par la livraison et la caisse… Mais il n’y a pas que des bénévoles, puisque la coopérative est organisée avec des coordinateurs salariés, qui supervisent les opérations et les équipes. C’est donc une véritable aventure humaine, pour défendre un prix juste pour toutes et tous, consommateurs, transformateurs et producteurs.
Et les particuliers ne sont pas les seuls à pouvoir faire partie de cette aventure : les professionnels et les collectivités ont eux aussi la possibilité de se fournir chez Coopalim ! En effet, il leur est possible souscrire à des parts sociales en tant que partenaires. C’est par exemple le cas du festival Musica, ou de l’Eurométropole de Strasbourg. Les personnes morales sont donc les bienvenues au sein de la coopérative !
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