Textile : solutions pour une mode plus durable
Textile : solutions pour une mode plus durable
Dans le cadre de la mise en œuvre du pacte vert pour l’Europe, la Commission s’est engagée dans une stratégie pour les textiles durables et circulaires, visant à rendre le « secteur textile plus vert, plus compétitif et plus moderne, mieux à même de résister aux chocs mondiaux ».
S’il est essentiel d’acheter ses vêtements en conscience, et de les faire durer dans le temps pour éviter au maximum le gaspillage et le recours au recyclage, nous devons malgré tout veiller à leur bonne prise en charge quand ils arrivent en fin de vie.
Du textile durable car réparable
Après l’instauration d’un bonus réparation dédié à la remise en état des appareils électroniques et électriques, le gouvernement a annoncé étendre ce principe au textile en vue de conserver les vêtements et chaussures plus longtemps. Alors que 700 000 tonnes de vêtements sont jetées à la poubelle chaque année, l’objectif de la mesure est de lutter contre le gaspillage et de promouvoir l’économie circulaire, pour un secteur textile plus durable.
Le consommateur n’aura pas de démarche à effectuer. De fait, le bonus réparation textile sera directement déduit de la facture de réparation. Son montant, entre 7 et 25 €, ne pourra excéder 60 % du prix de l’intervention. A titre d’exemple, il s’élèvera à 8 € pour la réparation d’une semelle de chaussure, 7 € pour la reprise d’un trou sur un vêtement et jusqu’à 25 € pour la réalisation d’une doublure complexe.
Les professionnels pourraient être amenés à augmenter légèrement leurs tarifs. En effet, un remboursement de 7 € sur une prestation à 10 € pour la réparation d’un trou dans un vêtement dépasse 60 % de la facture… Le bonus ne peut donc pas s’appliquer dans ce cas. En revanche, les bonus sont cumulables entre eux (s’il y a plusieurs trous dans un même vêtement par exemple).
Le consommateur est le grand gagnant de cette initiative, la preuve de la réparation incombant à l’artisan. Ce dernier doit prendre en photo l’article avant et après la réparation. Cela fait craindre aux professionnels du secteur une surcharge de travail. Certains approuvent ce bonus textile qui permettra de sensibiliser le public et toucher une plus large clientèle. Mais d’autres sont plus réticents, estimant que la mesure n’éduque pas les gens au prix du savoir-faire.
Pour bénéficier de ce bonus, et rendre le textile plus durable, la réparation doit être effectuée par un artisan couturier ou cordonnier labellisé par l’organisme Refashion*. En septembre 2023, près de 900 artisans français avaient créé un compte auprès de l’organisme.
Le surcyclage, une solution originale
Appelé upcycling en anglais, le surcyclage consiste à récupérer des matériaux ou des biens voués à être jetés, pour les transformer en d’autres produits de qualité ou d’utilité supérieure. Cette démarche se différencie donc du recyclage, processus au cours duquel l’objet est détruit pour en créer un autre. Or le recyclage peut nécessiter beaucoup d’énergie, et le produit final est susceptible de perdre en qualité. En somme, le surcyclage est une forme de recyclage “par le haut”. Cette technique est souvent moins énergivore et plus écologique, puisqu’elle ne nécessite pas de transformer ou déstructurer le produit d’origine, ni de puiser à nouveau dans des ressources naturelles.
Faire du tri peut être l’occasion de récupérer des objets ordinaires dont vous n’avez plus l’utilité, mais qui peuvent avoir une seconde vie en détournant leur usage premier. Par exemple, des fourchettes qui deviennent des patères, des boîtes de conserves customisées utilisées en guise de pots à crayons ou en cache pot pour les plantes, des boîtes à chaussures qui serviront d’organiseurs de tiroir, des vieux tissus pour fabriquer des éponges lavables de type “tawashi”, des bouteilles en verre en guise de vases…
Cette tendance, en plein essor depuis quelques années, concerne beaucoup les vêtements. Alors que l’industrie du textile est la deuxième plus polluante et exploitante au monde, de plus en plus de personnes se tournent vers des modes de consommation alternatifs, notamment pour s’habiller. Pour cela, l’achat d’occasion s’est déjà bien démocratisé. Mais qu’en est-il des vêtements invendables ? Des pièces trop abîmées, tâchées ou comportant un logo d’entreprise par exemple ? Impossible de les remettre telles quelles dans le circuit de distribution. Et si vous n’avez pas l’âme d’un·e couturier·ère, des entreprises se chargent de les transformer pour leur donner une seconde vie !
Pour une mode raisonnée, locale et solidaire
C’est dans cette voie que sont notamment engagés des acteurs comme les boutiques Vétis à Strasbourg, Emmaüs centre Alsace avec sa boutique l’Etikette, et Le Relais Est avec ses points de ventes et boutiques à travers la région. Ce dernier vient de réaliser un projet de vêtements surcyclés : plusieurs pièces sont assemblées pour former un nouveau vêtement, remis au goût du jour.
En tant que société coopérative et participative, le Relais-Est agit depuis bientôt 30 ans. L’entreprise collecte, tri et valorise des textiles de seconde main dans le but de créer des emplois pour des personnes en situation d’exclusion. Ses équipes collectent chaque jour entre 24 et 30 tonnes de vêtements, chaussure et linge de maison via les bornes de collecte disponibles sur notre territoire, qui sont ensuite acheminées vers le centre de tri de Wittenheim, dans le Haut-Rhin. L’objectif est de donner une seconde vie à un maximum d’articles collectés.
La plupart est ainsi revendu dans ses boutiques ou encore en ligne, dans sa place de marché “Le Léopard” sur la plateforme solidaire Label Emmaüs. Mais de trop nombreux vêtements se trouvent invendables pour les raisons citées plus haut. Alors depuis plus d’un an, l’entreprise d’insertion travaille avec ses équipes sur un projet de réemploi de ces vêtements. C’est ainsi qu’est née la nouvelle collection de vêtements surcyclés !
Un savoir-faire tout aussi durable
Au travers de cette première collection de vêtements surcyclés, l’entreprise tend à diversifier ses champs d’actions. Elle continue d’assurer sa mission sociale tout en créant une nouvelle activité économique dans le secteur de la couture et de la réparation. À terme, l’objectif est de créer de nouveaux emplois en insertion dans le secteur de la couture.
Le surcyclage dans le domaine du textile contribue à faire perdurer des savoir-faire présents dans l’univers de la mode comme la broderie ou la couture. C’est donc un acte engagé qui va dans le sens d’une mode que les équipes du Relais Est souhaitent pour demain : durable, raisonnée, locale et solidaire. Cette collection a été baptisée “Les surcyclés du Léopard” car elle s’inscrit tout à fait dans l’esprit coloré et décalé de la friperie Le Léopard, située aux centres-villes de Strasbourg et Mulhouse, qui offre un large choix de pièces vintage à prix très accessible.
*éco-organisme à but non lucratif agréé par les pouvoirs publics et qui assure la prévention et la gestion de la fin de vie des textiles d’habillement, linge de maison et chaussures mis sur le marché français en soutenant la collecte, la réparation et le réemploi.