Au fil d’Altaïr, une bonneterie 100 % locale et inclusive
Au fil d’Altaïr, une bonneterie 100 % locale et inclusive
Le groupe alsacien Altaïr, engagé pour l’insertion professionnelle de personnes éloignées de l’emploi, lance sa bonneterie en vue de relocaliser le savoir-faire textile à la française.
La filière textile représente plus de 20 000 emplois dans le Grand Est. Ce fleuron de l’industrie a longtemps pesé lourd, notamment en Alsace qui « a vu naître au milieu du 18e siècle les premières manufactures royales et a bâti sa notoriété textile sur l’impression des Indiennes convoitées dans le monde entier », précise le label Alsace terre textile.
Mais ces dernières décennies ont vu nos territoires petit à petit détricotés de leur savoir-faire. Aujourd’hui la majeure partie des textiles sont importés, notamment en ce qui concerne l’habillement, depuis des pays d’Asie ou d’Afrique subsaharienne. Les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) ont aujourd’hui à cœur de reprendre la main sur ces savoir-faire oublié. C’est le cas du groupe Altaïr qui, en parallèle de ses nombreuses activités, s’est lancé dans la confection textile.
Inauguration d’une bonneterie de 200 m²
L’atelier textile « Au fil d’Altaïr » a vu le jour en 2020, en pleine crise sanitaire, en commençant par la confection de masques. Au total, près de 3 millions ont été réalisés par leurs ateliers. « Au fil d’Altaïr » compte désormais une soixantaine de couturiers et couturières, un parc d’une centaine de machines, un bureau d’étude et, depuis le 18 janvier 2024, un atelier bonneterie (fabrication de textiles tricotés).
Deux ans de travail et 7 mois de travaux ont étés nécessaires pour rendre la bonneterie opérationnelle, dans le quartier de la Meinau à Strasbourg. Le groupe Altaïr a investi 700 000 € dans ce projet, dont 65 % en fonds propres, le reste provenant du soutien de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg, de la région Grand Est et de la Collectivité européenne d’Alsace.
Installée dans 200m² d’atelier, elle offre une capacité de production entre 400 et 500 mètres linéaires par jour. Le parc de quatre machines neuves de la marque allemande Mayer comprend 2 machines en base jersey (jersey, molleton) et 2 machines en base côte (point de tricot pour les finitions).
Un atelier éco-responsable
Au fil d’Altaïr veille à limiter le gaspillage textile en réemployant des chutes de tissus et en pratiquant le surcyclage. Ce processus consiste à revaloriser des matières premières pour fabriquer de nouveaux articles et leur donner ainsi une seconde vie.
L’entreprise s’engage aussi à assurer des conditions de travail respectueuses de l’humain et de l’environnement. Aujourd’hui, le groupe compte près de 400 salarié.es, dont une trentaine au sein de l’atelier bonneterie où 50 % des effectifs sont en insertion professionnelle. L’atelier les forme sur différents postes pour leur assurer une polyvalence et les accompagner vers un emploi durable.
Défis de la relocalisation et de la compétence
L’entreprise se lance dans un double défi : relocaliser la production de lin et de chanvre, ainsi que le tricotage de coton, mais aussi devenir un plateau technique d’apprentissage de ces savoir-faire perdus. Pour cela, le groupe Altaïr travaille en lien avec des organismes de formation afin de faire monter ses équipes en compétence, tant sur le tricot et la couture que sur des métiers tels que le stockage de tissus, le stockage de marchandises, le conditionnement, la modélisation, le prototypage, la coupe industrielle et la production.
L’entreprise va réaliser des rouleaux de tissus à destination de professionnels, mais également confectionner ses propres pièces. Des articles sont d’ailleurs déjà disponibles à la vente sur sa boutique en ligne.
Une activité à soutenir
Il s’agit d’une réelle prise de risque pour l’entreprise qui se positionne sur un secteur en difficulté, dont les projets sont a priori peu soutenus par les banques. Mais Luc De Gardelle, président du groupe Altaïr, insiste sur la nécessité de « construire la réalité à partir de nos rêves ». Et c’est grâce à un ensemble de partenaires du réseau de l’économie sociale et solidaire, en particulier du champ de l’insertion par l’activité économique, de collectivités et d’entreprises locales du secteur textile que ce rêve peut devenir réalité.
A nous, consommatrices et consommateurs, d’orienter nos choix vers des initiatives inspirantes telles que celle initiée par le groupe Altaïr, pour contribuer à la redynamisation nos territoires et de nos industries locales par nos actes d’achats !